Dans un monde en rapide mutation, marqué par des transitions complexes, des transformations profondes et des contextes fragilisés, l’évaluation exige des approches novatrices et adaptées. Avec le thème « Naviguer dans la complexité des transitions : enjeux et méthodes d’évaluation », le RISE et le RFE nous invitent à examiner les défis et opportunités de l’évaluation sous l’angle de l’intelligence artificielle (IA) et des approches prometteuses permettant de prendre en compte les enjeux de la complexité, de l’équité et de la durabilité des politiques publiques. 

L’IA, pour une évaluation augmentée ?

L’IA révolutionne l’évaluation en proposant de puissantes capacités d’analyse. Son intégration dans la pratique évaluative suscite beaucoup d’intérêt et soulève des questions fondamentales. L’intégration de l’IA pose question quant à l’équité, la diversité et l’inclusion. Elle soulève des préoccupations croissantes en matière de confidentialité et de protection des données. La collecte et l’utilisation d’informations sensibles imposent d’assurer un cadre éthique et sécurisé.

• Comment l’IA intègre-t-elle les spécificités culturelles et contextuelles ? Quelle est la place pour des approches participatives dans les processus évaluatifs « IAsés » ? Comment garantir la confidentialité et la protection des données ? 

L’IA repose sur des algorithmes complexes dont le fonctionnement et les décisions restent opaques. Cela complexifie l’analyse critique des résultats d’une évaluation ainsi que sur la capacité d’expliquer les conclusions et pèse sur l’intégrité des processus évaluatifs. Les évaluateur·rice·s doivent développer un regard critique sur la qualité, la fiabilité et l’éthique des données produites par l’IA.

• Comment garder la maîtrise des analyses ? Comment l’IA limite-t-elle ou exacerbe-t-elle les risques de biais ? Comment assurer une utilisation éthique de l’IA et limiter l’amplification des disparités ? Quel type de « partenariat » entre humain et IA ?

L’IA impose une montée en compétences des évaluateur·trices, qui doivent apprendre à interagir intelligemment avec elle. Des écarts flagrants émergent déjà dans l'utilisation de l'IA, ce qui risque d’aboutir à une fracture numérique au sein de notre communauté.

• Comment les compétences des évaluateur·trices doivent-elles évoluer ? Quel rôle à jouer pour les ANE ou des réseaux tels que le RFE ? Quelles collaborations mettre en place avec d’autres secteurs pour créer des synergies d’apprentissages en matière de nouvelles technologies et d’IA ?

L’essor de l’IA et des données massives laisse entrevoir de nouvelles perspectives pour l’évaluation des politiques publiques.

• Comment transformer l’évaluation en un processus continu, intégrant les potentialités offertes par l’IA à toutes les phases du cycle des politiques sans entraver la qualité et la fiabilité des résultats ?

Approches systémiques pour évaluer la complexité

Les approches d’évaluation évoluent pour répondre aux exigences croissantes de complexité, d’équité et de durabilité. Ces évolutions nécessitent de privilégier des méthodologies ou des combinaisons capables d’appréhender la complexité des systèmes, tout en tenant compte des dynamiques culturelles, des contextes locaux et globaux. 

Les approches systémiques offrent un cadre précieux pour comprendre les interconnexions entre les dimensions sociales, culturelles, économiques, démographiques et environnementales. Elles permettent de mieux saisir la complexité des phénomènes tout en fournissant des outils pour naviguer dans l’incertitude et d’appréhender plus sereinement l’émergence. Cette complexité peut mettre à l’épreuve les compétences techniques et éthiques des évaluateur·rice·s. Dans ce contexte, l’évaluation devient un processus évolutif, profondément ancré dans les dynamiques sociales et culturelles.

• Comment garantir une approche à la fois rigoureuse et adaptée aux réalités changeantes sans compromettre l’intégrité de l’évaluation ? Comment les approches systémiques peuvent-elles contribuer à relever les défis éthiques et techniques dans un monde en transition ?

Les enjeux de la décolonisation jouent un rôle crucial dans le rééquilibrage des relations de pouvoir. En intégrant des perspectives culturelles et locales, la décolonisation permet de replacer les communautés concernées au centre du processus et de réduire les biais inhérents aux approches uniformisées.

• Comment intégrer efficacement ces perspectives tout en évitant de reproduire des schémas de domination implicites ? Quels leviers la décolonisation offre-t-elle pour renforcer l’équité dans les pratiques évaluatives ?

Enfin, la démarche participative constitue une autre réponse clé aux exigences actuelles. Elle permet d’impliquer les communautés et de renforcer leur pouvoir d’agir tout en promouvant une évaluation plus inclusive et équitable.

• Comment préserver l’identité, les libertés et les droits des parties prenantes tout en garantissant la neutralité et l’indépendance du processus d’évaluation ? Comment la participation peut-elle transformer les relations entre les parties prenantes tout en préservant l’autonomie de chacune ? Quelles capacités pour les évaluateurs pour répondre à la transition?